



Un peu de géographie et d’histoire :
Le territoire de Cabrières d’Aigues se présente comme une longue lannière, découpée sur le versant du Grand Luberon, par le ravin des Vaucèdes à l’Est et par le vallat du Vabre à l’Ouest.
La pente abrupte de la montagne, couverte d’éboulis pierreux, de taillis et de chênes , forme au Nord une barrière culminant à 1124m. Une rangée de coulets boisés (pin d’Alep, pin sylvestre et garrigue) la borde au Sud.
Le terroir cultivé couvre une grande partie de la superficie totale : la vigne (cuve et raisin de table) est partout prédominante mais on trouve aussi des céréales, quelques cultures maraîchères (asperge, ail) et fruitières (olivier, cerisier).
Il y a très très longtemps :
Le massif est principalement formé de roches calcaires, datant de l’ère secondaire, déposées sous la mer entre -140 et -130 millions d’années.
Il y a 23 millions d’années, la mer revient en Provence et le Luberon est une île !
Dans ces eaux chaudes peu profondes et brassées, toutes sortes d’animaux abondent : pectens, oursins, crabes, étoiles de mer et de nombreux poissons et mammifères marins.
Il y a 7 millions d’années, la mer se retire après le soulèvement des alpes.
De nombreux silex et fossiles marins qui ont été découverts autour du village témoignent de cette période lointaine.
Les plus anciennes traces de l’homme dans notre région datent du Paléolithique (il y a 3 millions d’années). De multiples trouvailles témoignent de l’existence d’un habitat antique important. Dans notre région, l’habitat troglodytique est particulièrement bien représenté et a toujours été occupé dès la préhistoire. Notre village contient encore beaucoup de ces traces du passé.
La période romaine a été très active et de nombreuses traces de cette époque ont été retrouvées (tuiles, urnes, amphores).
Le célèbre bas-relief de Cabrières-d’Aigues a été trouvé en 1886 par un agriculteur.
La composition représente une barque sans voile, chargée de deux grosses barriques cerclées. À l’arrière un homme debout, légèrement penché manie une rame à deux mains. Cette barque est halée par deux hommes, un personnage manque, ils sont vêtus de la tunique romaine. Au second plan, sont entreposées plusieurs vases.
Vraisemblablement ce morceau provient du tombeau d’un tonnelier ou d’un vigneron. Parmi les traces archéologiques de l’importance du vin dans cette région, ce bas-relief romain montrant la coexistence des amphores et des tonneaux sur un bateau de halage est significatif et très instructif sur le commerce vinicole.
La datation indirecte par l’analyse des amphores représentées semble les attribuer au 2eme siècle après JC.
L’original se trouve aujourd’hui au musée Calvet d’Avignon et une copie de ce bas-relief est visible à la mairie.
La création de notre village daterait du XIVeme siècle environ.
Un premier village, Roubians, implanté au XIeme et au XIIeme siècle, sur la colline qui a gardé son nom, semble avoir vécu peu de temps.
L’agglomération de Cabrières remplaça ensuite Roubians, déserté, au XIVeme siècle (première mention historique en 1331) : 800m à peine séparent la colline ronde de Roubians de l éperon rocheux où s’installa Cabrières.
Plus près de notre période actuelle, les Vaudois ont marqué fortement l’histoire de notre village.
A partir de 1442, le village dépendait du seigneur de La Tour d’Aigues. Au moment de la grande peste (1350-1390) les pertes humaines sont telles que les villages sont désertés.
Après une longue période d’inhabitation, en 1450 environ, le seigneur Raymond d’Agoult cherche à les repeupler. La difficulté était de trouver des personnes qui acceptent de remettre les terres en culture, il va alors naturellement se tourner vers la main d’œuvre venue des Alpes. Ces bons travailleurs étaient cependant des chrétiens dissidents. Ces Vaudois suivaient les préceptes de Valdès (ou Vaudès), un bourgeois lyonnais ayant, au 12° siècle, donné sa fortune aux pauvres et décidé de vivre comme eux en prêchant la bonne parole. Les fondements du mouvement vaudois étaient l’humilité, le partage, la non violence et la pauvreté. Ils se nommaient eux-mêmes « les pauvres de Lyon ».
Notre village fait ainsi partie de la quarantaine de localités, de part et d’autre du Luberon, dans lesquelles s’installent au moins 1.400 familles de vaudois des Alpes, soit environ 6.000 personnes, venues des diocèses de Turin et d’Embrun entre 1460 et 1560. Les deux-tiers de ces futurs Vaudois du Luberon sont arrivés entre 1490 et 1520.
À Cabrières-d’Aigues, les 80 familles qui s’installent en 1495 viennent toutes de la vallée de Freissinières où a eu lieu sept ans plus tôt une croisade contre ces gens qui étaient considérés comme hérétiques.
En 1532, les Vaudois adhèrent à la Réforme Protestante.
Mais alors, les Vaudois sont victimes de persécutions menées par le célèbre inquisiteur Jean de Roma et par le premier président du Parlement d’Aix, Jean Meynier, baron d’Oppède. L’« arrêt de Mérindol » de 1540, signé par le roi François Ier, condamne le village de Mérindol à être rasé. Il ne sera appliqué qu’en avril 1545 : Mérindol et Cabrières d’Avignon (autre village situé en terre papale) sont détruits et la dévastation s’étend à tout le Luberon faisant plus de 2.000 victimes. 700 Vaudois sont même envoyés aux galères dans le port de Marseille.
Ce « massacre des Vaudois du Luberon » a marqué durablement la région.
Cabrières d’Aigues, fut incendié dès le début, en avril 1545, par les troupes royales aux ordres du Capitaine Polin de La Garde. Les survivants se réfugièrent dans les forêts et les grottes du Luberon et purent, bien plus tard, revenir au village et reconstruire leurs maisons. D’autres s’étaient réfugiés à Genève.
Malgré les Guerres de Religion (1560-1598) l’esprit de la Réforme perdura, et en 1682, les protestants du village furent recensés au nombre de 600.
Après la révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, des familles de Cabrières d’Aigues prirent la route de l’exil vers l’Allemagne et la Hollande. Quelques-unes ont même poursuivi leur voyage jusqu’au Cap et ont fait souche en Afrique du Sud.
De très nombreuses traces de cette époque subsistent dans notre village et des rapprochements existent aujourd’hui entre Cabrières et le village de Freissinières et avec les autres villages du Luberon qui ont partagé son histoire vaudoise.